Intestin poreux, cerveau poreux et troubles neuropsychiatriques 1/2

Article publié le 31 décembre 2022
J’ai toujours été très intéressée par les maladies neurologiques et psychiatriques. La recherche sur l’axe microbiote-intestin-cerveau est désormais un sujet ancré dans la littérature et dont les conclusions sont encourageantes pour la compréhension de ces troubles. Malheureusement, leur application en tant qu’agents adjuvants en psychiatrie est loin d’être généralisée. Les prises en charge de la plupart des troubles neuropsychiatriques reposent sur des médicaments. Par exemple, les patients atteints de dépression se voient prescrire des anti-dépresseurs, des anxiolytiques mais quid du microbiote dysbiotique ? de la porosité intestinale ? qui sont pourtant des constats réguliers en consultations et dans les études. Aux USA, certains médecins pratiquent la psychiatrie intégrative, prenant en charge leurs patients dans leur globalité et tenant compte de leur terrain. En France, cela demeure bien trop rare, si ce n’est inexistant. Tout au plus, certains gastro-entérologues se saisissent du sujet, mais pas les psychiatres. Pourtant, le patient aurait tout à gagner d’une fusion de ces compétences, mais pour l’heure, je me suis dit que rédiger un article à ce sujet serait déjà ça de pris, car je reçois régulièrement des questions concernant la connexion possible entre santé intestinale et santé mentale. Je m’en réjouis. Oui ! toutes deux sont intrinsèquement liées, comme des sœurs jumelles. Si tu es atteint d’une maladie neurologique, d’une maladie psychiatrique, ou bien que tu sais être prédisposé (antécédents familiaux), qu’un proche en souffre, ou que tu es professionnel de santé confronté à ces soucis, cet article te dépeint pourquoi tu as raison de soupçonner cette intime relation. Quels troubles et maladies seraient concernés ? Mais également les migraines et différentes formes d’épilepsie. La fragilité de deux barrières Le tractus gastro-intestinal et le cerveau se développent à partir de parties étroitement liées de l'embryon. Ces deux parties ont en commun des barrières vasculaires spécifiques et spécialisées, à savoir la barrière épithéliale intestinale et la barrière hémato-encéphalique (BHE). Le développement de la BHE commence au début de la vie intra-utérine et se poursuit jusqu'aux premiers stades postnatals de la vie. Une bonne formation de la BHE fournit un microenvironnement adéquat pour la croissance et la spécification des neurones. La BHE, lorsqu'elle est intacte, protège contre la colonisation du microbiote au moment crucial du développement cérébral du nouveau-né. Dans la période postnatale, il protège également des métabolites bactériens et de l'exposition à de nouvelles molécules lors du basculement métabolique (lorsque la dépendance aux glucides passe au catabolisme des acides gras). Ce contrôle du passage et des échanges de nutriments et de particules entre le sang et le cerveau assure l'homéostasie du système nerveux central (SNC). Le microbiote peut affecter la perméabilité à la BHE chez les souris fœtales et adultes. La barrière intestinale Le terme de « intestin poreux » désigne le fait que la barrière intestinale est devenue perméable. Vulgairement, elle fuit. Il ne s'agit pas d'une maladie ou d'une affection en soi. C'est un symptôme d'inflammation et de déséquilibre qui a de nombreuses causes. La liste des problèmes de santé associés à une perméabilité intestinale est de plus en plus importante, à mesure que la recherche fait du lien et s’intéresse au microbiote. Actuellement, il existe plus de 19k articles de recherche sur la perméabilité intestinale. Notre intestin grêle a une fonction double : Notre épithélium intestinal (schématisé ci-dessous) se renouvelle très rapidement et efficacement, mais ce renouvellement doit être finement orchestré par l’organisme, sous peine de créer un déséquilibre. La monocouche épithéliale intestinale est composée de différents types de cellules épithéliales spécialisées : Collectivement, ces cellules forment une barrière normalement imperméable grâce aux jonctions serrées intracellulaires, aux jonctions adhérentes et aux desmosomes. Également, derrière patrouillent de nombreuses cellules immunitaires, prêtes à agir à la moindre […]

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